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Denis Langlois, écrivain, avocat.


  1. AGENDA

Le samedi 28 septembre 2024, à 15 heures, à MONNERVILLE (Essonne), CONFÉRENCE-DÉBAT "La Mort du babouin de Monnerville".

Le 22 août 2024, parution d’un nouveau livre aux éditions La Déviation : La Cavale du babouin


En 2022 : Parution de La Politique expliquée aux enfants de Denis Langlois, illustrée par Plantu. (Editions La Déviation)
Édition spéciale 1983-2022.

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2021. "Le Voyage de Nerval" (Gérard de Nerval au Liban), récit de Denis Langlois, paraît aux éditions de La Déviation.

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Paru en 2020 le livre "Pour en finir avec l’affaire Seznec" (La Différence) de Denis Langlois (avec un cahier-photos de 16 pages) sera bientôt à nouveau disponible en librairie.

2019

Les Éditions de La Différence publient "L’Affaire Saint-Aubin" de Denis Langlois, avec un cahier-photos de 16 pages.

2018, les éditions SCUP-La Déviation publient une nouvelle édition complétée et illustrée de "Panagoulis, le sang de la Grèce" de Denis Langlois.

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ARCHIVES MILITANTES.

Nouvelles rubriques sur le site :

*La Ligue des droits de l’homme (1967-1971).

*La Fédération internationale des droits de l’homme (1968-1970).

*Les luttes militantes pour l’autodétermination du Pays Basque (1984-1997).

*La guerre dans l’ex-Yougoslavie (1991-1994).

Union pacifiste (novembre 2012), René Burget et Bernard Baissat.

Avec la foi en la révolution, poursuivons-nous l’éternelle et insaisissable utopie qui, depuis toujours, taraude les hommes qui veulent donner un sens à leur vie ? Changer une société injuste suppose de changer les humains qui la composent, alors qu’ils n’en ont majoritairement ni l’intention ni la possibilité. Pour examiner notre bonne conscience et réfléchir à notre rythme, Denis Langlois conseille une retraite au vert pays du cèdre.

Denis est parti, en 1998 au Liban, à la recherche d’Élias, une
des personnes disparues lors de la guerre entre milices
druzes, chrétiennes, chiites, sunnites, sans oublier les armées
syrienne et israélienne.

Selon un de ses amis, le disparu rejetait la guerre à cause
de la tragédie qu’il avait vécue : « Toute sa famille, sa
femme et ses deux enfants, a été massacrée par des Druzes
de son village. Réfugié dans un monastère, il ne supportait
pas l’entassement avec les autres déplacés ni, surtout, l’esprit
de haine et de vengeance qui y régnait. » Les autres
l’excluaient en l’assimilant à un profiteur qui chercherait à se
mettre en sécurité.

Lui, ne se défilait pas, il disait simplement qu’il ne voulait
pas participer à la guerre. Or, les réfugiés étaient obligés de
combattre. Ils constituaient une masse de manoeuvre aux
mains des milices.

Ce courage du refus du port des armes fait d’Élias (à son
insu) un membre de la famille de l’Internationale des résistants
à la guerre. Cela lui vaut d’être assimilé à un traître, à
un froussard, à un dégonflé. Il est menacé, molesté, agressé.

Denis Langlois a vécu la même chose quand l’armée
française l’a incarcéré pour son insoumission (cf. Le
Cachot).

Les témoins rencontrés au long de ce récit précisent : « Il
n’aimait pas la guerre, c’était un pacifiste. » Il s’esquivait et
refusait d’en parler avec les patriotes de tous les camps.

Dans la guerre, nous ne sommes plus des sujets, mais de
simples objets. Thérèse Collet le rappelait toujours : « Quand
on est pris dans cette atrocité, il est trop tard pour clamer
son pacifisme. Il faut s’efforcer de sauver le plus possible de
vies humaines. » Secrétaire historique de l’Union pacifiste,
elle avait, maîtresse d’école si fluette, réussi à sauver des
résistants, des parachutistes, hébergé des gens poursuivis,
soigné des blessés, fait l’agent de liaison pour éviter des
crimes, etc. Ses amis berrichons le savaient. Elle n’en parlait
jamais.

L’attitude admirable de tous ces « Justes » qui nous ont
précédés dans cette exigence absolue du droit au refus de
tuer gêne encore nos contemporains, qui calomnient ces
acteurs discrets en les qualifiant de collaborateurs au service
de l’ennemi, parce qu’ils choisissaient toujours le camp
des victimes. Que de livres seraient à écrire pour réhabiliter
nos anciens de La Patrie humaine ou de la Ligue des résistants
à la guerre, qui, au cours de la Seconde Guerre mondiale
ont été les véritables héros de l’humanité !

Il est vrai que l’intégrité des objecteurs de conscience
gêne ceux qui n’ont pas cette force et qui magouillent dans
ses périodes troubles pour s’en mettre plein les poches.

Les profiteurs de guerre ont tant corrompu la société,
que, de nos jours, il n’est même plus possible de publier
ouvertement des idées en faveur de la démilitarisation dans
les médias de masse qui leur appartiennent ou leur sont
inféodés…

Au détour de cette quête haletante à la recherche
d’une personne, sont abordées des notions vitales, telle la
réconciliation : « Aussi longtemps qu’il n’y aura pas, d’un
côté, une reconnaissance de culpabilité personnelle et, de
l’autre, un pardon, il ne pourra pas y avoir de véritable
réconciliation. »

Aucun massacre, au Liban ou ailleurs, ne peut en justifier
un autre. Les guerres déplacent des millions de gens, qui ont
vécu l’horreur indicible. Or, comment un être humain peut-il
en tuer un autre, son voisin, son ami parfois ? S’avilir à ce
point reste un mystère.

Quel merveilleux antidépresseur que ce livre rare : il
empêche de se rendre complice de la barbarie : « Il ne faut
jamais désespérer. C’est dans l’angoisse et les atrocités
qu’un être humain apprend ce qu’il est… »

René BURGET

_

LIBAN : LES STIGMATES DES GUERRES. Denis Langlois, pacifiste obstiné,
a plongé dans la réalité du peuple libanais
pour écrire son beau livre : Le Déplacé.
Responsable d’une télévision libanaise
en 1975-1976, j’ai été personnellement
témoin du déclenchement de cette guerre
qui a déchiré les communautés libanaises.
La narration de Denis Langlois, toujours
juste et précise, a ravivé quelques
souvenirs.

LIBAN, TERRE DE "DÉPLACÉS".

C’est le général de l’armée coloniale française Gouraud qui officialise, le 1er septembre 1920, la création de l’État du Grand Liban à la demande de la communauté chrétienne maronite de Syrie qui se sent menacée. Plusieurs Syriens
de la région d’Alep regagnent le Liban. À cette époque, le pays compte déjà
dix-sept communautés qui se regroupent autour de leur cuture plus que de leur religion, parmi lesquelles les chrétiens maronites et jacobites, les musulmans sunnites et chiites, les juifs, les Druzes, les Arméniens, les Grecs orthodoxes. La Syrie ne se résigne pas à la scission du Liban. La première révolte
contre la colonisation française est conduite par les Druzes, en 1925.

De 1929 à 1931, le commandant Charles de Gaulle,
affecté à l’armée du Levant, vit avec sa famille à Beyrouth.
Il remplit sa mission au Liban et en Syrie. En juillet 1941,
lorsque les Forces françaises libres ont chassé du Liban les
autorités du gouvernement de Vichy, De Gaulle vient prononcer
un discours à Beyrouth. Il est acclamé. Mais, en 1945,
lorsque le parti socialiste Baas organise en Syrie des manifestations
pour réclamer l’indépendance, De Gaulle donne
l’ordre au général Fernand Olive de bombarder Damas. Le
29 mai 1945, après trente-six heures de bombardements, on
compte plusieurs centaines de morts et de blessés. En 1948,
la création de l’État d’Israël provoque l’exode de plusieurs
centaines de milliers de Palestiniens chrétiens et musulmans.
Beaucoup se réfugient au Liban. Le conflit israélo-palestinien
a des conséquences dramatiques sur la vie de cette population.
On compte 140 agressions israéliennes au Liban entre
1968 et 1974. En 1973, l’armée israélienne mène une opération
à Beyrouth pour assassiner trois dirigeants importants de
l’OLP et soutient les phalanges chrétiennes de Pierre
Gemayel contre les Palestiniens. En 1975, la guerre entre
communautés commence. Elle durera quinze ans.

Seul Français à travailler avec des Libanais dans les studios
de télévision de Jounieh, je ne savais pas, jusqu’au
déclenchement des affrontements, à quelle communauté
appartenait chacun des membres de nos équipes. C’est
avec l’apparition des barrages routiers que j’ai appris que
certains ne pouvaient plus rejoindre leur poste de travail
sans risque. Les livraisons d’armes arrivaient de tous les pays,
y compris de la France qui fournissait les deux camps. Mes
collègues, tous armés, s’inquiétaient de mon refus de porter
une arme. Ils tenaient à m’escorter lors de mes déplacements
dans Beyrouth. Les multiples accrochages, les bombardements
au mortier de la ville, du port et de l’aéroport
faisaient des victimes et creusaient les rivalités entre les communautés.
Et, pourtant, je n’entendais aucun discours de
haine entre les membres de nos équipes qui pensaient surtout
à s’entraider. En 1976, nos studios ont été occupés par
les phalanges chrétiennes. J’ai alors quitté le Liban, avec
beaucoup de tristesse.

La guerre a duré jusqu’en 1990 avec encore plus de
combattants venus de Syrie et d’Israël, encore plus d’armes,
plus de massacres, plus de drames humains.

Comme le dit l’un des personnages du livre de Denis
Langlois : « Nous avons tous été atroces, partisans et atroces.
Nous nous sommes avilis. »

Aujourd’hui encore, la guerre civile déclenchée en Syrie
a des répercussions directes au Liban. Ce pays ne pourra
pas résister à une déflagration dans la région.

DENIS LANGLOIS, UN PACIFISTE COURAGEUX.

En 1983, c’est May Picqueray qui me permet de faire la
connaissance de Denis Langlois. Elle souhaite sa présence dans le
film que je lui consacre. Cet avocat-écrivain est déjà un exemple
pour les jeunes objecteurs et insoumis réunis autour d’elle.

En 1990, lorsque les Occidentaux lancent la première
guerre du Golfe, je retrouve Denis Langlois. Je tourne un film
avec René Dumont qui a pris position contre cette guerre.
François Mitterrand, président, et Michel Rocard, Premier
ministre, sont d’accord pour « faire parler les armes ». Denis
Langlois, porte-parole de l’Appel des 75, conduit une opposition
très forte contre cette guerre avec des personnalités
comme Gisèle Halimi, Albert Jacquard, Jean-Jacques de
Félice, Jean Ristat, Claire Richard, Jacques Gaillot, Costa-
Gavras.

Début 1991, René Dumont participe aux réunions de
préparation des manifestations interdites qui se déroulent
de nuit autour de la place de la République à Paris. J’ai
donc la chance de filmer Denis Langlois avec René
Dumont. Les dizaines de milliers de manifestants ne peuvent
empêcher la guerre contre l’Irak et les suivantes.

Denis Langlois a voulu témoigner des conséquences
dramatiques de ces guerres en effectuant des séjours prolongés
en Yougoslavie, en Irak et au Liban. Il écrit au sujet
d’Élias Kassem, le personnage pacifiste de son livre Le
Déplacé : « Cela me ramène à une période de ma vie,
lorsque j’ai refusé de faire mon service militaire. C’était
moins dangereux assurément dans la France des années
1960 que dans le Liban de la guerre. On ne m’a pas fusillé ni
même menacé de le faire ; on m’a simplement collé en prison.
Sept mois à Fresnes, ma première résidence d’écrivain
dont je suis sorti avec mon premier bouquin, Le Cachot. »

Bernard BAISSAT.



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